mardi 2 juin 2015

Enquête sur la discrimination : ses effets négatifs sur la société.

La discrimination au féminin pluriel

Les jeunes issus de l’immigration confrontés à la discrimination

Emmanuel Jovelin

Résumé
Les jeunes issus de l’immigration, dans leur difficulté à trouver du travail, font une expérience quotidienne et répétée des discriminations de classe sociale et d’origine ethnique. La société à laquelle ils appartiennent leur tend le miroir déformant de leur incapacité à s’insérer. Séduits par le mirage de l’égalité des chances, ils intègrent des humiliations en lieu et place d’un désir de reconnaissance qui reste sans écho. Les discriminations ne condamnent pourtant pas ces parcours à l’échec. Mais la réussite sociale se fait au prix de leur dépassement.

  • 1 Emmanuel Jovelin, Les Travailleurs sociaux d’origine étrangère. Vocation ou repli, Paris, L’Har (...)
  • 2 Cet article est une version remaniée publiée dans Manuel Boucher (dir.), Discriminations et ethnici (...)
1. En France, depuis les années quatre-vingt, nous assistons aux revendications identitaires des populations issues de l’immigration, parce que le chômage croissant à cette époque frappait en premier lieu les populations immigrées, arrivées du Maghreb et d’Afrique sub-saharienne dans les années soixante, ainsi que leurs enfants, nés en France pour la plupart mais rencontrant d’importantes difficultés dans l’accès à l’emploi. Le modèle français d’intégration, universaliste, postulant l’égalité de tous les citoyens et qui repose sur un principe d’égalité formelle, apparaît finalement incapable d’intégrer les populations immigrées, de surcroît victimes de racisme et de discriminations. Ce sont ces revendications identitaires qui aboutiront à la prise de conscience par les pouvoirs publics de la question des discriminations raciales à la fin des années quatre-vingt-dix. En effet, le renversement du modèle français d’intégration par des mouvements de révoltes dans les années quatre-vingt et quatre-vingt-dix entraîne une reconnaissance officielle de la réalité des situations discriminatoires dont les “minorités visibles” sont victimes. Ceux-ci font émerger une “question minoritaire” qui se substitue à la “question immigrés” des années soixante et soixante-dix. Ce débat, porté par des individus ou groupes victimes du racisme ambiant, identifiés par leur couleur de peau ou la consonance étrangère de leur nom, donnera lieu à des avancées juridiques non négligeables mais également à des phénomènes de rejet et de délégitimation des victimes1. Cet article aborde le côté obscur de notre société, grâce à une recherche réalisée auprès d’une quinzaine de jeunes dans le cadre d’un projet européen Equal sur “discriminations et territoires”, commandité par l’association D’un monde à l’autre en 2005 dans la région Nord-Pas-de-Calais2.

Des jeunes face à la discrimination

  • 3 François Dubet, Danilo Martucelli, Dans quelle société vivons nous?, Paris, Seuil, 1998.
  • 4 Ibid.
  • 5 Ibid.
2François Dubet et Danillo Martucelli expliquent que la société industrielle se développe et se transforme par le travail et l’accumulation des ressources investies dans la production : “La société n’est pas seulement une nature, c’est aussi une praxis, une autoproduction par le travail, la société est travail3.” Le travail ne fonde pas seulement les identités, mais aussi les rapports sociaux. Notre identité est ce que l’ordre social a fait de nous, précisent les auteurs précités. Notre personnalité dépend en grande partie de notre “adhésion subjective aux attentes sociales acquises lors des phases de socialisation primaire et que nous actualisons sans cesse dans nos rencontres avec autrui4”. Nous avons une seconde nature, qui n’est pas seulement un être donné, mais quelque chose que nous actualisons sans cesse au cours de nos rencontres, de nos interactions. Ainsi, notre vie sociale “est constituée sur un mode binaire d’identité et d’altérité, de marquage constant des positions sociales, des statuts, de maintien de normes dans les conduites les plus banales et les plus automatiques5”. Les individus se définissent comme des sujets à partir de ce qui se présente à eux et de ce qu’ils peuvent en prendre en fonction de leurs capacités ou de ce qu’on peut les autoriser à acquérir. Or, pour beaucoup d’individus, non seulement le système auquel ils croient les exclut, mais ceux qui y participent ne laissent pas la place à leurs semblables de se constituer en sujets.
3La société exclut du marché du travail des catégories d’individus à cause de leur incapacité supposée à tenir la place voulue par ceux qui détiennent les commandes. Cette exclusion a un coût parce que vivre sans travail n’est pas aisé et induit une lutte contre la société, une interrogation sur soi-même, sur sa propre capacité à tenir sa place dans la vie de tous les jours à côté d’autres humains. Comment faire partie de l’humanité lorsqu’on vous signifie que vous n’êtes pas comme les autres ? Ce regard négatif posé sur soi par les autres peut détruire une personne, non seulement parce que l’identité porte en soi l’idée de l’autre mais parce que ce que nous pensons de nous-mêmes est de grande importance. La recherche que nous présentons ci-après montre la souffrance des personnes confrontées au quotidien aux discriminations de tous genres.

Vivre la discrimination face au recruteur

4Pour la majorité des jeunes, la discrimination est ressentie et se voit dans le regard de celui qui recrute, comme le montre Nordine, 29 ans :
“On voit bien que le patron a du mépris pour tout ce qui est étranger. Certaines fois, lors des entretiens, alors que tout s’est très bien passé, à votre grande surprise, on vous dit que ça ne marche pas. On sent bien qu’il y a un hic… puis là on ne vous dit rien… enfin, tout est dit gentiment.”
  • 6 Mohammed Rebzani, Des jeunes dans la discrimination, Paris, PUF, 2002.
  • 7 Didier Fassin, “L’invention française de la discrimination”, in Revue française de sciences politiq (...)
5La discrimination des employeurs par rapport aux jeunes d’origine étrangère ou étrangers n’est pas forcément liée à la rareté de l’emploi mais au profil des demandeurs qui ne correspondrait pas au poste. Tout cela est interprété en termes de racisme par les jeunes d’origine étrangère. Selon Mohammed Rebzani, les employeurs mettent en avant des attributs défavorables : paresseux, indiscipliné, mauvais comportement, pour écarter des personnes jugées indésirables6. L’institutionnalisation de la lutte contre les discriminations, en créant un appareil juridique et législatif, fait exister les victimes comme des sujets de droit. Ce processus de subjectivation constitue une innovation politique majeure, remarque Didier Fassin, puisque jusqu’alors dépourvues de droits, les victimes de discriminations deviennent des “ayants droit”7. Le dépôt d’une plainte comprend une double dimension pour les victimes. Reconnaître une discrimination revient à reconnaître que le sujet est victime d’une injustice, d’une souffrance. Il peut revendiquer ses droits, sa souffrance est légitimée. Néanmoins, la gestion des plaintes relève plus de la reconnaissance d’un sujet de souffrance que de la reconnaissance d’un sujet de droit. La légitimation sociale de la victime de discrimination ne va pas de pair avec la législation juridique par une condamnation ou une réparation. L’absence de congruence entre le préjudice et sa correction implique que la souffrance soit toujours en excès sur le droit. Par conséquent, la reconnaissance des discriminations par les pouvoirs publics n’implique pas de facto une reconnaissance par les employeurs des personnes d’origine étrangère en recherche d’emploi sans discrimination, malgré le durcissement de l’arsenal juridique.

Ressentir la discrimination dans l’environnement professionnel

6La discrimination n’est pas seulement le fait des recruteurs, elle se trouve aussi chez des collègues de travail :
“C’est plus les employés qui ont de mauvais rapports entre eux. C’est de la pression, de la pression interne… ou du bouche-à-oreille, on fait en sorte que ce ne soit pas bien vu que quelqu’un d’étranger ou issu de l’immigration, bien qu’il soit français, vienne travailler dans l’entreprise. Le patron nous prend mais pas eux” (Madjid, 27 ans).
Il y a des écarts de comportement qui se manifestent chez certains collègues de travail et qui poussent les jeunes à démissionner. En effet, lorsqu’on connaît la fragilité de ces jeunes, confrontés à la pression du travail, la pression des collègues salariés peut être vécue comme de la discrimination, voire du harcèlement :
“Le personnel adopte un comportement de harcèlement, de refus de coopération… et la personne ne peut pas rester. On vous isole, eh bien du coup vous partez. S’il n’y a pas d’intégration par l’ensemble du personnel, ce n’est pas la peine” (Ben, 30 ans).
  • 8 Fatima Mezzouj, “Indigènes de la République, discriminations et interculturalité”, in Hédi Saïdi, L (...)
Beaucoup de jeunes craquent au bout de quelques semaines par manque de tact des collègues de travail. Ce qui au départ n’était qu’une pression participant à la construction de l’identité professionnelle du jeune se transforme quelquefois en discrimination8.

Impact des discriminations sur les jeunes

7Subir les discriminations n’est pas chose aisée. Lorsque votre vie est dévalorisée tout le temps, alors que vous pensez avoir les compétences nécessaires pour occuper un emploi, vous pouvez vous sentir inutile et être dans la culpabilité, voire dans l’autodiscrimination.

Le découragement

8Les échecs répétés annihilent les capacités de l’individu à se remobiliser et le poussent à adopter une conduite d’échec.
“Ce n’est vraiment pas facile à vivre. Nous aussi on a le droit à un travail, non ? Très vite on pense que l’on ne veut pas que nous contribuions à la grandeur du pays” (Saïd, 29 ans).
Ces discours montrent des individus qui ne cherchent pas à changer l’ordre social mais simplement à trouver une place dans cet ordre. Tout cela peut être analysé en termes de reconnaissance sociale et de peur de la déchéance.
“On se demande pourquoi on se lève… Face à cette situation, on se dit qu’on n’arrivera a rien. Et là, on se réfugie dans des idées d’exclusion. J’ai plein d’ambitions et on casse tout en mille morceaux” (Messaoud, 26 ans).
  • 9 Serge Paugam, La Disqualification sociale. Essai sur la nouvelle pauvreté, Paris, PUF, 1994, p. 21 (...)
Si la disqualification est une épreuve en raison de la faiblesse des revenus, et également de la “dégradation morale que représente dans l’existence humaine l’obligation de recourir à l’appui de ses semblables et des services d’action sociale pour obtenir de quoi vivre dans les conditions décentes9”, il en est de même de la discrimination, qui renvoie à l’individu une image négative de lui-même. Le discriminé vit un véritable sentiment de honte et des souffrances terribles qui le renvoient à un état “de moins-que-rien” :
“Le fait que vous ne soyez pas inséré par le travail, ça met des barrières là où il n’y en a pas. Ça sépare… tout est à recommencer. On a pourtant été sur les mêmes bancs d’école” (Lamine, 28 ans).
  • 10 Vincent de Gauléjac, Travail, les raisons de la colère, Paris, Seuil, 2011.
  • 11 Vincent de Gauléjac, Isabelle Taboada, La Lutte des places, Paris, Desclée de Brouwer, 1994, p. 30.
Le discours de Lamine est fréquent chez les personnes qui croyaient dans l’école de la République mais qui subissent la discrimination. Ne pas être inséré, c’est vous renvoyer à votre propre responsabilité, comme si tout cela était votre faute. Voilà le monde moderne qui renvoie à l’individu la responsabilité de ses actes, où chacun est sollicité pour faire fructifier son capital, réussir sa vie, où il doit être entrepreneur de sa propre vie comme le souligne Vincent de Gauléjac10. Mais l’impression qui prévaut est celle qui consiste à se dire que cette société ne donne pas les moyens nécessaires à l’accomplissement de soi. Nous sommes dans un monde qui dit : “Si tu réussis, c’est parce que tu as fait des efforts énormes ; si tu échoues, c’est de ta faute, tu ne peux invoquer aucune circonstance atténuante. Plus tu échoues, plus tu seras confronté à des exigences importantes.” Nous avons là des jeunes qui s’inscrivent dans l’idéologie de la réalisation de soi mais qui ne trouvent pas les moyens de se réaliser parce que l’avenir est bouché. Pour ces jeunes, comme le soulignent Vincent de Gauléjac et Isabelle Taboada, il arrive que “l’identité brillante qui scintille cède la place à l’identité blessée qui s’éteint11”. Ils vivent cette situation avec un sentiment de dépréciation, de honte et de culpabilité, qui se répercute sur l’estime de soi.
  • 12 Pierre Mannoni, La Malchance sociale, Paris, Odile Jacob, 2000.
9Ces jeunes qui pensent avoir fait ce qu’il fallait, “faire les études”, afin d’espérer avoir une place au soleil, vivent les mêmes situations que leurs parents, la reproduction de la misère : “L’histoire se reproduit, on s’intéresse pas plus à nous qu’à nos parents quand ils sont venus en France (Rachid, 26 ans), ou encore : “Je vis la même situation que celle que mes parents ont vécue quand ils sont arrivés en France… C’est même pire. Avant, ils trouvaient plus vite (Nordine, 29 ans). Cette situation difficile à laquelle ces jeunes sont confrontés peut les conduire à “démissionner de la vie sociale”, en adoptant ce que Mannoni appelle les “conduites abdictives12”.

La remise en cause de l’école

  • 13 François Dubet, La Place et les Chances. Repenser la justice sociale, Paris, Seuil, 2010, p. 26.
10Si l’école laïque, gratuite et obligatoire inaugurée à la fin du xixe siècle a été un vrai progrès en offrant à tous les enfants la possibilité de partager la même culture, la même langue, les mêmes valeurs, sa conception de l’égalité ne visait pas spécialement l’égalité des chances. “L’égalité n’empêchait donc pas que chacun devait rester à sa place, dès lors que cette place était assurée et que le socle de la culture commune était progressivement élargi13.” Nous avons remarqué dans les entretiens que l’école, tremplin vers l’insertion sociale et professionnelle, est mise en doute par les jeunes. Le sentiment de l’échec de l’insertion, la discrimination neutralisent l’élan scolaire et les poussent à s’interroger sur le sens de l’école :
“Je suis allé à l’école pour rien. Après les études, la réalité est trop difficile à voir. J’aurais voulu continuer mes études mais, par rapport à cette situation, ça m’a démotivé, j’ai arrêté. Pourquoi continuer plus loin ? Avec un bac +3 on n’y arrive quand même pas” (Rachid, 26 ans).
En effet, il a fallu se battre pour intégrer un parcours scolaire plus long, malheureusement le diplôme obtenu ne fait pas autorité sur le marché du travail parce que les critères de recrutement ne sont pas loyaux, semblent dire les enquêtés. Les jeunes se remettent en question, ils s’interrogent sur leur parcours, leurs choix et ils se retrouvent parfois dans une impasse :
“Je me présente, mais je ne trouve pas. Et si je me propose pour des postes à qualification moindre, on me dit que je suis trop diplômé… Comme si toutes les personnes issues de l’immigration devaient être sous-diplômées” (Lamine, 28 ans).
  • 14 Pierre Mannoni, op. cit., p. 126.
11Nous voyons bien ici des jeunes qui s’interrogent sur leur avenir et leur place dans la société. Des jeunes qui seraient prêts à “abdiquer”. L’un des moyens de défense possible contre l’abdication reste le passage à l’acte pour certains jeunes des banlieues : l’agressivité, la violence, et encore d’autres conduites à risques, montrant les symptômes de la souffrance. Il y a des individus qui s’enferment dans l’échec en allant rechercher des difficultés là où il n’y en a pas, en élaborant des projets irréalistes avec des stratégies inefficaces comme s’ils souhaitaient vérifier ce qu’ils croient être leur propre nullité14.
  • 15 Guillaume le Blanc, Vies ordinaires, vies précaires, Paris, Seuil, 2007.
  • 16 Camille Peugny, Le Déclassement, Paris, Grasset, 2009.
12Ce n’est pas la déchéance sociale qui provoque la dépréciation ressentie à l’égard d’eux-mêmes, c’est plutôt l’inverse que l’on observe. Le regard porté sur l’épreuve de la disqualification peut être de plusieurs natures, soit compatissante, aidante, soit stigmatisatisante. Ce dernier regard entérine chez le jeune un déclassement qui le porte encore plus vers la déchéance sociale, vers le discrédit en mettant en crise ses croyances sociales15. Le discrédit du stigmatisé obère son existence : il vit cette situation de déclassement comme une injustice sociale attenante à la couleur de sa peau, à ses origines16.
  • 17 Pierre Mannoni, op. cit.
  • 18 François Dubet, La Galère: jeunes en survie, Paris, Fayard, 1987.
13Pour Mannoni, c’est le sentiment ruiné de leur propre moi par le regard posé sur eux par les autres qui les conduit à leur situation sociale et finit par les faire abdiquer : “C’est parce qu’ils se sentent comme des déchets qu’ils entrent en déchéance et non le contraire17.” L’abdication serait une sorte de mort symbolique dans la mesure où l’individu perd peu à peu l’envie d’entreprendre mais également la faculté d’élaborer des projets et de nouer des relations. C’est la conséquence même de l’auto- discrimination qui conduit à une telle situation. Ce qu’ils vivent est ressenti comme un échec personnel. Nous sommes bien dans ce que François Dubet avait décrit dans La Galère18, lorsqu’il parle des jeunes qui se replient sur eux-mêmes : plutôt que d’échouer encore, ils préfèrent ne rien faire. La discrimination (l’exclusion) est vécue dans ce cas-là comme une accumulation des mépris et des problèmes dont ils sont victimes, tout en s’interrogeant sur leur avenir et celui de leurs frères :
“Notre situation n’est pas un exemple pour les plus jeunes. Le chômage, c’est une défaite enregistrée derrière moi. Comment vont réagir mes frères et sœurs par rapport aux études ? Ils me voient tellement galérer” (Mohamed, 29 ans).

Un rejet généralisé

  • 19 Erving Goffman, Stigmate. Les usages sociaux des handicaps, Paris, Minuit, 1975.
  • 20 Guillaume le Blanc, op. cit.
14La diversité des formes de discriminations et des lieux où elles s’exercent engendre parfois un sentiment de rejet généralisé. Devant la répétition d’actes discriminatoires, les jeunes finissent par développer une extrême sensibilité. Certains hésitent même à se présenter à des entretiens, ils s’autocensurent dans leurs démarches parce qu’ils n’ont plus confiance en eux : “Pourquoi y aller, j’aurais aucune chance de toute façon” (Meriem, 21 ans). Subir l’épreuve de la discrimination, c’est subir l’épreuve de la stigmatisation, en étant identifié comme porteur d’un stigmate, qui disqualifie et empêche d’être totalement intégré dans la société19. Les jeunes d’origine étrangère que j’ai interrogés avaient tendance à présenter un “moi disqualifié, exposé à l’injure et au discrédit20”. Certains jeunes réagissent comme les stigmatisés décrits par Goffman, puisqu’ils ont tendance à ne pas se présenter à des entretiens d’embauche, à éviter les contacts avec les “normaux”. Ils ont l’impression qu’ils renvoient à la société une “image dérangeante, une image de l’anéantissement”, comme on peut le voir dans ce discours :
“Moi je me bats, mais j’en connais pas mal qui se sont résignés. Ils changent complètement d’orientation. Ils jettent leurs projets et se tournent vers des emplois non qualifiés. Ils abandonnent à cause de ce qu’ils ont vécu. La réalité les a rattrapés” (Abdel, 23 ans).
  • 21 Véronique De Rudder, Christian Poiret, François Vourch’h, L’Inégalité raciste. L’universalité répub (...)
  • 22 Didier Fassin, Éric Fassin, De la question sociale à la question raciale. Représenter la société fr (...)
  • 23 Patrick Simon, “Modèle d’intégration et lutte contre les discriminations”, in Politique de la ville (...)
15La conséquence d’une telle situation est qu’il y a des jeunes qui sont parfois dans la négation de la culture de leurs parents ou qui francisent leurs nom ou prénom, imaginant ainsi une meilleure chance d’insertion professionnelle. Ces jeunes fragilisés se réfugient dans la honte, ressentent systématiquement la discrimination et font parfois le mauvais choix de ne plus rien faire par peur d’échouer encore. Pourtant, il arrive que les victimes de discriminations réclamant la reconnaissance de leur situation soient accusées de manifester une forme de victimisation. Ainsi, les victimes sont soupçonnées d’utiliser l’accusation de racisme pour masquer leurs propres insuffisances21. Didier et Éric Fassin qualifient ce phénomène de “délégitimation des acteurs22”. Dans ce cas, les victimes de discriminations sont accusées d’être à l’origine de leur exclusion. Elles sont même les véritables coupables : ce sont elles les vrais racistes (mars 2005, pétition contre les “ratonnades anti-Blancs” ; attaques en justice de groupes de rap pour racisme anti-Blancs…). Selon Patrick Simon, ce phénomène ne doit pas justifier un recul dans la reconnaissance de la discrimination car “il n’y a pas de situation de victimisation pire que celle de l’inexistence de la reconnaissance de ces discriminations23”.
  • 24 Ibid., p. 194.
  • 25 Daniel Borillo, Lutter contre les discriminations, Paris, La Découverte, 2003.
  • 26 Axel Honneth, La Société du mépris. Vers une nouvelle théorie critique, Paris, La Découverte, 2 (...)
16Il évoque, par ailleurs, l’existence d’un autre phénomène répandu chez les victimes de discriminations et à l’origine d’une grande souffrance et de difficultés personnelles accrues : “l’autocensure”, qu’il définit comme “l’intériorisation du caractère indicible des discours24”. Daniel Borillo revient sur cette attitude en explicitant que les victimes développent une défiance à l’égard de l’État et de ses institutions censées œuvrer à la promotion de tous25. Celle-ci s’accompagne d’une désespérance et d’un processus de dévalorisation face à cette violence faite à l’identité mais aussi d’un “repli sur soi” ou “entre soi”, de comportements d’agressivité envers la société et les “autres”. Les discriminés peuvent appréhender tous les autres rapports sous l’angle du racisme, en négligeant toutes les autres causes possibles. Croire que certaines personnes faisant l’expérience de la domination à travers les discriminations se positionnent en victimes, ou essayent de tirer profit de cette position de “victime” en la présentant comme une excuse, un prétexte, c’est nier ce qui existe. Il est donc nécessaire de prendre en compte la souffrance et la demande de reconnaissance de ces personnes26 et de renforcer l’arsenal juridique dans une visée pédagogique afin de lutter contre toutes les formes de discriminations.

Des jeunes en lutte contre les discriminations

  • 27 Emmanuelle Santelli, La Mobilité sociale dans l’immigration, Toulouse, Presses universitaires du (...)
17Vivre la discrimination, c’est aussi supporter la frustration, apprendre à encaisser la haine pour mieux repartir. Face à la discrimination, ces jeunes mettent en place des stratégies de réussite en essayant de faire une reconversion symbolique de leur stigmate, qui se transforme quelquefois, en fonction de leur degré d’investissement et de leur chance, en réussite sociale. Emmanuelle Santelli explore les itinéraires de réussite des enfants d’origine algérienne, en montrant par une comparaison méthodique des parcours individuels et familiaux, les stratégies développées et les efforts mis en œuvre pour infléchir leur destinée27. Elle a retracé 120 parcours de personnes d’origine algérienne qui ont connu des périodes de chômage, des discriminations de toutes sortes, mais qui ont su renverser le discrédit lié à leur stigmatisation pour le transformer en réussite sociale, en devenant entrepreneurs. Ainsi, vivant une situation particulière face à l’emploi, les jeunes que j’ai interviewés pensent travailler plus que les autres, afin de montrer à ceux qui les discriminent leur capacité :
“Je me battrai même si ça doit prendre plus de temps que les autres. Je prendrai un chemin plus long, car il ne faut pas compter trouver du travail plus vite ou en même temps que les autres” (Nordine, 29 ans).
“Cette situation difficile, je me dis que c’est une motivation supplémentaire. Même si je dois mettre trois fois plus de temps que les autres et deux fois plus d’énergie. Pour moi, c’est un challenge, je dois en faire plus” (Heidi, 24 ans).
18Il est intéressant de voir que loin de se décourager, beaucoup de discriminés tentent de redoubler d’efforts ou essayent de comprendre leurs échecs pour découvrir les failles de leur situation :
“Je ne reste pas sur un échec. Pour comprendre, je téléphone, il faut en discuter. C’est grâce aux nombreux entretiens que je vois clair dans ma situation. Maintenant je sais sur quoi je dois mettre l’accent” (Abdel, 23 ans).
La discrimination conduit certains d’entre eux à se tourner vers l’aide aux autres afin de mettre leur expérience au service d’autres jeunes qui seraient victimes de discriminations. Enfin, d’autres encore continuent de se perfectionner en vue des entretiens et utilisent de nouvelles stratégies pour surmonter les épreuves. Mais malheureusement subir la discrimination, c’est aussi accepter n’importe quel travail parce que l’insertion professionnelle est de plus en plus difficile.

Conclusion

  • 28 Emmanuel Jovelin, “Ambiguïtés de l’antiracisme. Retour sur quelques associations militantes”, in Le (...)
  • 29 Avishai Margalit, La Société décente, Paris, Climats, 1999.
19Cet article a montré des jeunes issus de l’immigration qui font l’expérience de la domination de classe et raciale, qui vivent des formes d’humiliation annihilant chez certains d’entre eux leurs capacités à se remobiliser. Pour survivre, certains utilisent l’ethnie et la race comme ressource pour défendre leurs intérêts. Cet état de fait n’est que la conséquence du “mirage de l’égalité des chances” véhiculé par le modèle français de l’intégration28. Or nous pensons, comme le suggère Avishai Margalit29, qu’il est important de prendre en compte les problèmes produits par l’expérience de l’humiliation pour construire une société décente, celle qui n’humilie pas les plus faibles, c’est-à-dire une société qui se fixe comme horizon le combat contre toutes les formes d’injustice.

Notes

1 Emmanuel Jovelin, Les Travailleurs sociaux d’origine étrangère. Vocation ou repli, Paris, L’Harmattan, 1999.
2 Cet article est une version remaniée publiée dans Manuel Boucher (dir.), Discriminations et ethnicisations. Combattre le racisme en Europe, La Tour d’Aigues, Éditions de l’Aube, 2005. Voir également Emmanuel Jovelin, “Vivre la discrimination, vivre la différence”, in Manuel Boucher (dir.), De l’égalité formelle à l’égalité réelle. La question de l’ethnicité dans les sociétés européennes. Paris, L’Harmattan, 2001.
3 François Dubet, Danilo Martucelli, Dans quelle société vivons nous?, Paris, Seuil, 1998.
4 Ibid.
5 Ibid.
6 Mohammed Rebzani, Des jeunes dans la discrimination, Paris, PUF, 2002.
7 Didier Fassin, “L’invention française de la discrimination”, in Revue française de sciences politiques, vol. 52, n° 4, 2002, pp. 403-423
8 Fatima Mezzouj, “Indigènes de la République, discriminations et interculturalité”, in Hédi Saïdi, L’Immigration et les Discriminations en débats, Association JISR Le Pont, La Voix du Nord, 2005.
9 Serge Paugam, La Disqualification sociale. Essai sur la nouvelle pauvreté, Paris, PUF, 1994, p. 219.
10 Vincent de Gauléjac, Travail, les raisons de la colère, Paris, Seuil, 2011.
11 Vincent de Gauléjac, Isabelle Taboada, La Lutte des places, Paris, Desclée de Brouwer, 1994, p. 30.
12 Pierre Mannoni, La Malchance sociale, Paris, Odile Jacob, 2000.
13 François Dubet, La Place et les Chances. Repenser la justice sociale, Paris, Seuil, 2010, p. 26.
14 Pierre Mannoni, op. cit., p. 126.
15 Guillaume le Blanc, Vies ordinaires, vies précaires, Paris, Seuil, 2007.
16 Camille Peugny, Le Déclassement, Paris, Grasset, 2009.
17 Pierre Mannoni, op. cit.
18 François Dubet, La Galère: jeunes en survie, Paris, Fayard, 1987.
19 Erving Goffman, Stigmate. Les usages sociaux des handicaps, Paris, Minuit, 1975.
20 Guillaume le Blanc, op. cit.
21 Véronique De Rudder, Christian Poiret, François Vourch’h, L’Inégalité raciste. L’universalité républicaine à l’épreuve, Paris, PUF, 2000, p. 198.
22 Didier Fassin, Éric Fassin, De la question sociale à la question raciale. Représenter la société française, Paris, La Découverte, 2006.
23 Patrick Simon, “Modèle d’intégration et lutte contre les discriminations”, in Politique de la ville et intégration, conférences 2006, Les Cahiers du Pôle, Centre de ressources de la DPVI, Mairie de Paris, 20 juin 2006, p. 193.
24 Ibid., p. 194.
25 Daniel Borillo, Lutter contre les discriminations, Paris, La Découverte, 2003.
26 Axel Honneth, La Société du mépris. Vers une nouvelle théorie critique, Paris, La Découverte, 2006; Axel Honneth, La Lutte pour la reconnaissance, Paris, Cerf, 2002.
27 Emmanuelle Santelli, La Mobilité sociale dans l’immigration, Toulouse, Presses universitaires du Mirail, 2001.
28 Emmanuel Jovelin, “Ambiguïtés de l’antiracisme. Retour sur quelques associations militantes”, in Le Sociographe, n° 34, 2011.
29 Avishai Margalit, La Société décente, Paris, Climats, 1999.
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Pour citer cet article

Référence papier

Emmanuel Jovelin, « Les jeunes issus de l’immigration confrontés à la discrimination », Hommes et migrations, 1292 | 2011, 104-113.

Référence électronique

Emmanuel Jovelin, « Les jeunes issus de l’immigration confrontés à la discrimination », Hommes et migrations [En ligne], 1292 | 2011, mis en ligne le 31 décembre 2013, consulté le 02 juin 2015. URL : http://hommesmigrations.revues.org/975

Auteur

Emmanuel Jovelin

Professeur de sociologie, Université catholique de Lille, directeur adjoint de l’Institut social de Lille


Droits d’auteur

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vendredi 22 mai 2015

Du réseau militant français.

La réaction de Respublica au manque de lien entre les membres du réseau militant français pour une vraie démocratie et une économie réelle.





En cette veille de victoire du FN aux élections européennes où plein de gens n'ont  pas voté pour plein de raisons diverses et variées, manque de temps, grève des trains, rendez-vous fa milieux, il s'en est fallu de peu que nous soyons avertis par un clignotant rouge sombre nous disant : "faut y aller…".
Et pour quoi faire ? Cela aurait-il vraiment changé quelque chose ?
Peut-être même auriez vous vous même qui vous sentez coupable aujourd'hui voté extrême droite tant l'absence d'union au sein de la frange anti européanisée de la scène politique française est faible voire inexistante.
De deux choses l'une : soit cette élection est une bonne chose parce que le Front National va retarder de manière conséquente le processus qui mène vers la gouvernance par les multinationales, et nous faisons allusion ici, notamment au projet TAFTA, après quoi, une fois le danger écarté, ce sera à nous de décider ou non de notre avenir politique : construit ou pas, ouvert sur des Valeurs d'ouverture ou refermé sur une perspective nationaliste des choses ?
Soit, la Marine fait chou blanc comme nous l'avons fait, nous gaulois à Alésia ou comme l'a fait Carthage face aux romains et plonge désespérement dans les profondeurs abyssales déjà très polluées de nos océans en échouant à stopper le processus…

 Dans ce cas, nous pouvons dire adieu définitivement à la démocratie…et à la liberté…

Profondément militante,  
chercheuse en économie et en droit constitutionnel, passionnée
 par l'économie réelle et solidaire, et par les contributions que nous pouvons apporter nous, chercheurs-acteurs de tous les pays, à un changement de paradigme économique , j'ai très envie d'aller ce week-end, à la rencontre monnaies nationales complémentaires qui se déroule comme tous les ans.
En tant que citoyenne, je me sens impliquée.
Mais comme ce même week-end, il y a le rendez-vous de la plate-forme des Glières avec des militants pour d'autres causes, qui eux aussi sont conscients de la nécessité d'aborder les monnaies locales comme un des moyens de s'en sortir sur le plan économique, mais n'en sont pas suffisamment informés tant les liens du réseau sont disjoints, il faut encore que je fasse un choix entre deux choses importantes et qui sont pourtant complémentaires.
C'est pourquoi, j'invite tous ceux qui mécontents de la tournure que prend les choses sur le plan politique national, européen et international à se pencher une nouvelle fois sur cette situation non pertinente pour notre avenir , j'avais déjà envoyé ce courrier l'an dernier, et il me semble qu'il est encore d'actualité. 
Il y a nécessité absolue de considérer qu'en France il y a un réel réseau qui existe et qui ne demande qu'à évoluer et à tisser ses liens.
Cela passe par une harmonisation de nos calendriers respectifs.




Le réseau est plus fort que les grosses structures.

Bonjour à chacun d'entre vous. Si je vous écris aujourd'hui c'et parce que j'ai une remarque à faire concernant la nécessité de nous concerter ensemble, citoyens français afin que chacun puisse profiter des diverses manifestations organisées à l'initiative des différents collectifs citoyens qui aujourd'hui luttent pour une Cause commune ans que leur pouvoir d'agir ne soit encore suffisant pour agir de manière efficace contre l'appareil faussement démocratique installé sur notre pays et dans le monde entier.
Il y a les collectifs paysans, les partis politiques comme ceux du mouvement de la décroissance le mouvements écologistes, les acteurs des monnaie complémentaires locales réunis en mouvement national, les militants individuels qui luttent de leur côté pour les droits de l'homme, la démocratie, le bien -être de chacun, les droits économiques, le respect du droit, le revenu minimum d'existence, les mouvements d'occupation de zones sensibles (Notre Dame des Landes, l'association carton rouge à Décines), le mouvements pour les sans papiers, pour les droits des roms, contre la discrimination, pour une nouvelle constituante, contre le nucléaire, pour la laïcité, contre la violence, pour le droits des minorité, pour les droits de palestiniens, pour une vraie mobilité des citoyens, pour une école améliorée, contre l'esclavage et toute forme de domination ou d'oppression...
Ce week-end des 18 et 19 mai 2013, quatre manifestations importantes étaient organisées :
-Le rendez-vous annuel de porteurs de projet monnaie complémentaire à Villeneuve sur Lot. 
-La rencontre annuelle sur la plate forme des Glières dans le Vercors. 
-Le premier forum de la démocratie au Teil, en Ardèche, organisé par l'OPDL. opdlm@wanadoo.fr 
-L'assemblée générale de Décroissants dans la région parisienne.


Nus venons de citer les plus importante manifestations qui se sont déroulées ce jour là. Il y en avait en fait, une myriade d'autre partout en France, s'il faut se restreindre au territoire français. Grâce au covoiturage, beaucoup ont pu se déplacer. Mais, à voir les thèmes abordés , on ne peut que se poser la question de savoir si ces groupes qui luttent pour un monde meilleur, de manière souvent souterraine,  ont conscience que s'il y avait davantage e concertation, ils seraient plus forts pour lutter et contribuer tous ensemble, en tant que représentants de la vraie France à changer le fonctionnement de nos institutions, de notre économie.
Cette non concertation lors de ce week-end de mai important est un signe que nos réseaux ne fonctionnent pas correctement. Or, pour qu'un réseau, ce dernier lorsqu'il fonctionne bien, est incontestablement plus fort, que l'appareil de pouvoir construit sur un mode de fonctionnement vertical descendant, fonctionne et ait suffisamment de force d'impact pour que ce soit le peuple qui commande il faut que l'information coule, que soient posés des relais, que le lien entre chaque collectif, chaque citoyen même le plus petit de tous soit lui aussi connecté. Nous avons la chance d'avoir internet pour cela. n(oublions pas qu'en Afrique du Nord, ce dernier est le facteur qui a permis de réussir les révolutions. En France nous avons l'exemple de la deuxième guerre mondiale et du réseau résistant, lequel fonctionnait sans informatique, en bouche à oreille, mais qui a permis de gagner une guerre chose qui paraissait de prime abord ,voué à l'échec certain. Comme quoi les miracles, cela existe.
Or, nous le savons, nous sommes menacés aujourd'hui par un retour de l'extrême droite en France, voire un retour à une présidence douteuse (nous évoquons ici Nicolas Sarkozy) qui ne fait rien pour le peuple et est partie sur de mauvaises bases, celle d'une cinquième république corrompue. Il serait dommage qu'à cause de dissensions que nous pouvons avoir entre nous, mais aussi la volonté de certains de ramener la couverture à eux, nous soyons freinés dans notre marche vers la Liberté.
L'échéance est courte : quatre ans seulement nous séparent de la prochaine présidentielle...
Aussi doit-on tout faire pour contribuer chacun au réseau, en mettant en valeur ce qui est positif en chacun de nous et en laissant de côté ce qui peut nous opposer.
C'est maintenant ou jamais car l'occasion ne se présentera pas deux fois.
Je suis moi même investie au sein du mouvement citoyen que j'ai crée Respublica, à Lyon, en janvier 2009, et je m'investis au sein du mouvement des monnaie complémentaires (nous sommes à l'initiative du projet canut, un projet de monnaie locale à la Croix-Rousse), mais je ne rate jamais un rendez vous au plateau des Glières tant les leçons que le CNR a à nous donner me semble importantes (d'ailleurs, leur programme mérite d'être remis au goût du jour, versions années 2013 avec de perspectives écologique et environnementales ainsi qu'associé à une politique encore plus protectrice en matière  de droits de l'individu dans la famille, le travail, la vie privée)). Ce programme là, on pourrait le revisiter tous ensemble, sans chef, afin de produire une homgénéité nécessaire à la remise à plat de notre scène politique française.
Ce week-end, j'ai regretté de ne pas participer comme je le fais chaque année à la rencontre nationale monnaie complémentaires qui se tenait à Villeneuve sur Lot en tant que porteur de projet. Là bas, j'avais des chose à dire, des observations à faire pour participer à l'élaboration d'un texte commun.
Mais j'ai choisi d'aller au plateau des Glières le samedi parce que cela était important pour moi, et le dimanche j'étais invitée à une autre manifestation en Ardèche le forum de la démocratie où j'intervenais sur le thème "pour une société sans école". 
Faire des choix, c'est bien.
Mais si on peut éviter de choisir entre le corps et le cerveau, entre le gîte et le couvert, entre l'environnement et l'économie, c'est mieux. Il y a certains choix qui conduisent à l'échec...
Je propose donc davantage de considération pour le réseau et m'engage pour ma part à participer activement à la constitution de ce dernier en informant chacun de diverses manifestations qui surviennent dans l'année, dès que j'ai l'information en ma possession et vous invite à faire de même.
après tout, ne partageons nous pas la même lutte ?


Noura Mebtouche.
Respublica.
Mouvement pour la Dignité et la Liberté des Peuples.

L'appel à la démocratie renouvellée.

Bonjour.  Le 26 mai 2014 dernier,   j’écrivais au nom de mon association « Respublica », un courrier à l’intégralité du réseau avec lequel je suis en contact, afin d’avertir chacun sur les dangers de la division et de la concurrence entre mouvements sociaux.
Or, comme nous le montre Pierre Bourdieu dans son ouvrage Contrefeux 2 (le petit livre jaune) :
 il y a bien, face à un désenchantement  du peuple français que Marcel Gauchet a si bien analysé dans « le désenchantement du monde », un espoir qui se lève , aussi jaune que le soleil levant, d’avoir un jour affaire à un peuple français, européen, international... enfin muni de cette fameuse conscience d’appartenir à un avenir commun qui devrait remplacer une conscience de classe devenue désuète car à l'existence dépendante du religieux.
Cette conscience a du mal à s’éveiller et à donner lieu,  dans l’adversité , à quelque chose de concret  et construit, afin de se nourrir de la cohésion nécessaire à la mise au point d’une intervention de nature populaire susceptible de contrer les forces négatives et destructrices qui menacent aujourd’hui notre société d’humains.
 Encore pire, nos individualités...
Ces forces négatives sont nombreuses et se croisent et s’entrecroisent dans des logiques différentes, qui nous donnent l’impression d’être noyés sous la complexité d’un paysage politique et socioéconomique dont nous ne maîtrisons plus les rouages.
Serions, nous, êtres humains avertis, à l’heure d’internet et de l’accès à la culture pour tous, moins intelligents que les citoyens athéniens dans l’Antiquité qui surent mener la chose publique de main de maîtres ?
Le mot est ici volontairement pluriel.
Ces forces obscures se nomment aujourd’hui marché, logiques libérales dépassant largement la logique européenne et citoyenne,  mais aussi professionnalisation du politique, et éclatement des grands partis politiques dans le but volontaire de diviser pour mieux régner...
Il en résulte un jeu des forces politiques qui, sur le plan national  ne laisse la place sur ce champ, qu’à ceux qui sont les représentants, fidèles au-delà des âges, des sources obscures et nauséabondes du pouvoir lié à l’argent et à l’exploitation…
Les même, ont largement contribué à mettre en place les éléments qui ont conduit à la deuxième guerre mondiale et aux exactions qui l’ont accompagnée.
Ce sont eux, encore une fois, qui proposent le TAFTA que nous, pauvres citoyens éclatés en groupuscules d’adversité misérables et impuissants et maintenus  volontairement comme tels, cherchons avec le désespoir des perdants d’avance, à contrer.
Ils ont largement contribué à vider nos grands politiques de leur sens Aussi certainement que s’ils avaient siroté le contenu de leur cerveaux avec une paille...
C’est encore eux, qui ont contribué à mettre aux pouvoir ces politiques fantoches qui rendent la girouette qu’est devenue la chose publique française encore plus sensible au moindre petit vent qui passe...
« Ce n’est pas la girouette qui tourne, c’est le vent » nous disait Edgar Faure, plusieurs fois ministre puis président de l'Assemblée nationale.
 On ne devrait pourtant pas oublier que « Chose Publique » se traduit en latin par « Respublica », la République...
 Le mot prend tout son sens lorsqu’il s’agit de l’exposer à la moindre brise, si superfétatoire soit-elle…
Enfin, partout, on sent les vieux démons français qui n’en finissent pas de ressurgir au gré des crises économiques :
Ainsi, dernièrement, après avoir subi les appels à l’assaut contre la racaille ou encore aux tests ADN sur la petite enfance, doit-on, outre le fichage des élèves dans certaines communes, en fonction de leur caractéristiques ethniques par certains maires FN, accepter que l’un de nos ministères se nomme « ministère du redressement économique », slogan d’ailleurs fortement utilisé à l'occasion de la dernière campagne présidentielle 2012, par le candidat socialiste élu. Or, rappelons nous, l'es termes "redressement" furent mis en valeur de manière très récurrente sous Vichy, dans le cadre de sa propagande.
Que dire encore, du retour d’une déconcentration fondée sur la région et non plus sur le département exactement comme l’avait mis en place le général Pétain.
La loi du 19 avril 1941 crée ainsi les préfets régionaux.
Nous français, avons la mémoire courte, et devons nous souvenir comment insidieusement, dès 38, la bête est montée au sein même de notre société française jusqu’à conduire aux trains de la mort acceptés sans révolte par nous…
L’utilisation du terme CNR par tous les hommes politiques sans exception, notamment pendant la campagne de 2007, la tentative de récupération à cette même époque du plateau des Glières, haut lieu symbole de résistance aurait pourtant dû nous mettre la puce à l’oreille, nous éveiller, nous montrer qu’après plusieurs décennies d’abondance puis de crise, nous français, devions être particulièrement vigilant quant à la récupération de la chose publique qui nous appartient à des Fins de détournement du pouvoir.
Ce « pouvoir agir » qui ne peut émaner que de,  « nous le peuple », et que l’on retrouve dans la Commune dont on ne parle jamais dans les livres d’histoire, ou encore dans ce formidable élan résistant qui a conduit à mettre l’Allemagne Nazie en dehors du territoire français devrait pourtant se réveiller.
Or, on déplore, et c’est ce que j’exprimai dans ma lettre de mai 2014 (à lire sur ce même blog, article n.2) , que nous soyons tous divisés, que des commémorations comme celle des Glières soient passablement délaissées par une grande majorité des gens des convergences des Luttes (qui ne devraient d'ailleurs faire qu'une), occupées à s’investir au sein d’autres rendez-vous certes louables mais qui malheureusement , souffrent d’une organisation nationale dispersée qui ne laisse aucune chance à un quelconque mouvement national qui engloberait toutes nos revendications à nous français, et donnerait matière à une forme de soulèvement sans violence, montrant que nous le peuple existons et sommes capables d’assurer la gouvernance de notre société bien au-delà du simple procédé actuellement factice que constitue le vote.
C’est pourquoi, je lance un appel qui concerne tous les français, quelle que soit leur religion, couleur de peau, croyances, appartenance culturelle, sexe, genre, âge, taille, aspect physique, revenus et patrimoine... pour accomplir, le 23 mai 2017,  juste avant les élections présidentielles une grande marche pour la Mixité (sociale, économique, culturelle…) à laquelle participerait et se joindrait n’importe quel collectif, mouvement, association, individu , qui n’est pas d’accord avec le pouvoir en place, afin que l’on organise un nouveau mode d'organisation électoral plus juste et plus éthique, en choisissant des candidats sélectionnés individuellement et non pas pour leur appartenance à un grand parti monolithique, porteurs d’un véritable projet social et économique qu’ils ont éprouvé avec leur expérience personnelle et non pas sur les bancs si élevés soient-ils d’une quelconque école nationale d’administration ou encore d'une grande entreprise multinationale...

Il ne nous reste plus beaucoup de temps pour préparer tout cela, à peine un an et quelques mois…
Notre intervention à « nous le peuple » devrait être suffisamment convaincante, comme en mai 68 mais aussi comme le 14 juillet 1789, pour montrer que le français qui se révolte et n’accepte pas les choses est toujours là même si aujourd’hui,  il s’est enrichi de nouvelles cultures, a diversifié ses origines ethniques au sud d’abord puis à l’est, et a su s’ouvrir à des perspectives européennes et mondiales pas seulement économiques malgré la volonté de nos dirigeants, mais aussi culturelles.
Par la force des choses, celle de la poignée de main ou du sourire qu’on échange avec l’autre en face avec qui l’on partage des affinités et des sentiments communs.
De ces petites choses qui font que la vie en France est belle.
Souvenons nous du Larzac :  le  28 octobre 1978, se tint la journée nationale d’action organisée par les Comités Larzac :
défilés, meetings, grèves de la faim mobilisent des dizaines de milliers de sympathisants.
 Occupons de la même façon, de la même envergure, en nombre aussi important qu'au Larzac ce jour là, le sol de ce plateau savoyard qu’ont jadis foulé de leurs pieds des résistants malheureux et agissons en leur mémoire pour montrer que cette fois-ci c'est notre patrimoine de résistants et de dignité de français qui est en jeu...
Regardons le film "Tous au Larzac".
 Tous ces gens venus des quatre coins du monde pour soutenir les paysans du Larzac, libres exploitants des terres sont-ils venus pour rien Eux, ils ont gagné...
La même chose se passe avec une recrudescence, accrue depuis la crise financière de 2008 mais de manière trop éclatée.
Rejoignons nous tous pour un mouvement général.
Un mouvement, ce n'est rien d'autre qu'un outil passager et éphémère qui permet d'obtenir un résultat concret et qui disparait ensuite, comme le mouvement pour le Larzac, ce n'est pas un parti politique...
Bien entendu, une telle manifestation en faveur du peuple français et de lui seul, ne serait en aucun cas la propriété ou l'apanage d'un collectif quelconque, mais bien celle de chacun d'entre nous, qui nous levons le matin, afin de contribuer à l'amélioration de notre quotidien commun.
Bien entendu avant d'arriver ici, aux Glières, dans ce haut lieu symbolique qui n'appartient qu'à nous, français, il faudra s'organiser, faire des choix celui de marcher ou d'arriver quand bon nous semble, par n'importe quel moyen, celui d'avoir pendant une période déterminée par nous, contribué ou non à l'arrêt des activités traditionnelles auxquelles nous nous adonnons chaque jour afin de faire marcher notre système économique et social actuel...

Pour marquer notre désapprobation, une journée ne suffit pas, nos multiples grêves dérisoires de ces dernières années nous l'ont prouvé.

Mais, de grandes marches venant de tous les coins du territoire français, comme ce fut le cas en 2009 avec pour destination Athènes, à l'époque, pour montrer que nous ne voulons ni d'un retour au fascisme d'Etat, ni d'une perpétuation du fascisme du marché devraient nous amener aux plus hautes marches de la Raison d'Etat avec un R majuscule.
Car, ne l'oublions pas, l'Etat défini uniquement par des moyens financiers et matériels que nous le peuple, lui octroyons avec nos impôts, n'est autre chose qu'un artefact vide de sens.
Le véritable Etat, c'est nous... le Peuple.
A nous d'exiger de nouvelles mesures constitutionnelles pour plus de Justice, voire à voter pour une nouvelle Constitution que nous aurions élaborée ensemble...
Les mouvements et collectifs qui cherchent à développer cette pratique sont nombreux, rejoignons les...
Créons une convergence des luttes, nationale d'abord, qui permettrait au peuple français, comme en 1789, de prendre les rênes d'un pouvoir qui cette fois-ci, devrait, après ce brusque coup d'éclat, rester longtemps entre ses mains, à la lumière des erreurs passées.
Noura Mebtouche.
Respublica.
Mouvement pour la Liberté, l'autodétermination et la dignité des Peuples.

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